The Lemon Twigs – Go To School – Tellement foisonnant, parfois excessif

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The Lemon Twigs Go To School

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THE LEMON TWIGS – Go To School – Beggars/4AD | 28 août 2018

Les Lemon Twigs se sont fait un nom avec DO Hollywood, premier album remarqué (et remarquable) où reignaient en maître leurs influences sixties, Beatles, Stones et Bowie en tête de gondole, sur un album certes un peu fourre-tout. Deux ans après, les frères récidivent avec un concept album très dense (une heure !) qui fait preuve d’une créativité foisonnante.

The Lemon Twigs : Mon père, ce héros

Les mauvaises langues auront toujours droit de cité, et c’est bien légitime. « Trop caricatural« , « trop Sparks« , « du sous-Sparks« , « trop hype« … Les détracteurs semblent finalement bien en manque d’arguments pour qualifier Go To School. Au delà de ces aspects que je comprends aisément, j’ai plutôt choisi de vous conter la belle histoire de ce Go To School très inspiré. On le sait, les frères Brian et Michael d’Addario affichent 20 ans de moyenne d’âge, un âge qui semble bien loin de influences très 60’s et 70’s. En regardant de plus près, cela s’explique entre autres par un passé artistique stimulé par leur père Ronnie qui a sorti quelques albums bien inspirés dans les années 70, dans l’indifférence générale. Ecouter le père, c’est aussi comprendre ses fils. Ronnie fait en effet preuve d’un sens du songwriting et des arrangements digne des grands noms des 70’s, à commencer par les Beach Boys. Oui il y a du Brian Wilson chez Ronnie d’Addario.

Environnement musical

Donc certes, les frères d’Addario ont du talent qui a été stimulé dès leur plus jeune âge. Leur père semble même s’étonner de leur talent assurant ne pas les avoir stimulés de façon significative.
C’est pourtant occulter tout cet environnement musical mis à la disposition des gamins qui s’en donnent à cœur joie dès leur plus jeune âge, souvent épaulés par leur père à la basse ou au chant.

Le contexte peut être certes perçu comme le père frustré qui veut faire de ses enfants les stars de la musique qu’il n’a pas été. Mais on est loin de ce schéma chez les d’Addario où il y a une vraie passion pour la musique. Et on ne peut que se réjouir de voir l’histoire inversée , à savoir le père qui fait connaître ses compositions à travers celles de ses fils, et non des « fils de … » pour qui le talent serait logique en raison de leur filiation. Et même si Michael et Brian ne manquent pas de citer leur père dans leurs interviews, ce dernier ne se sert pas de ses enfants comme faire valoir. Quoique… Tiens, un inédit des Lemon Twigs en live ? Ah non, juste une chanson du père, extraite de ses propres productions, jouée par… le père, histoire de changer des morceaux des albums.

McCartney, Brian Wilson et David Bowie… jusqu’à l’excès

Si je me suis intéressé à tout ce contexte, c’est bien parce que Go To School va bien au-delà de son prédécesseur, pourtant déjà bien garni. Go To School commence en effet avec un riff très « Strokes » couplé à une voix qui rappelle Mick Jagger. Et c’est, sans surprise, un fil rouge que l’on retrouve çà-et-là, comme sur This Is My Tree qui sonne comme un blues stonien avec sa guitare 70’s. Les références, ou plutôt l’héritage, aux années 60 et 70 est omniprésent. On jongle entre Paul McCartney (Never Know, The Lesson), Brian Wilson (Wonderin’ Ways) et le glam de David Bowie (The Student Becomes The Teacher) avec d’autres clins d’oeil comme ce passage sur The Bully, façon Mr Sandman rendu célèbre par The Chordettes en 1954. Et on jongle habilement entre titres longs et complexes (The Fire) et chansons plus directes (Small Victories).


Cette histoire autour du chimpanzé Shane tout au long de l’album montre toutefois quelques faiblesses musicales. Si l’album s’avère extrêmement riche et inventif, il l’est justement parfois jusqu’à l’excès, dégoulinant de bonnes intentions vocales et harmoniques. Lonely, à mi-parcours, en est un bon exemple, If You Give Enough aussi en fin d’album. Non pas la chanson en elle-même, mais l’impression qu’elle donne d’un album qui ne se termine jamais. En effet, près d’une heure en 2018, c’est assez rare pour être souligné – exception faite des Thee Oh Sees et de Ty Segall par exemple (2h15 à eux deux sur leur dernier album respectif).

Toutefois, ce deuxième album extrêmement riche montre un talent indéniable, un sens des mélodies et des harmonies bluffant. Go To School donne ce double sentiment : celui d’avoir une album de jeunes complètement fous qui ne savent pas comment se canaliser, tout comme celui d’un groupe à la maîtrise parfaite de son art. A 20 ans, le duo des frères d’Addario semble surtout avoir la maturité de jeunes qui peuvent aller très très loin.

Quelle bière boire en écoutant Go To School de The Lemon Twigs ?

Pour cet album, j’ai choisi La Morsure de l’excellente brasserie québécoise Le Trou du Diable. Elle est plus sage que Go To School mais reflète assez bien l’état d’esprit : on cherche un peu de folie, de l’originalité tout en reprenant les classiques de l’IPA. Avec son nez fruité très puissant et sa belle amertume, elle se mêle très bien aux compositions des frangins.

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