The Auteurs, le groupe sous-estimé du rock anglais

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The Auteurs est un groupe britannique originaire de Londres qui connut son heure de gloire relative pendant la période brit pop au milieu des années 90. Formé autour du prodigieux Luke Haines qui ne fut jamais reconnu à sa juste valeur, le groupe laisse une trace de quatre albums aux mélodies efficaces et à l’univers noir.

Luke Haines, artiste précoce et talentueux

Luke Haines grandit à Londres où il montre un talent indiscutable pour le piano qu’il délaissera rapidement pour s’inscrire dans une école d’art. Déçu que ses camarades s’intéressent plus au dessin technique qu’à l’art moderne, il décide de reprendre des cours de piano puis de se mettre à la guitare classique. A cette époque (il a 18 ans), ses goûts musicaux s’orientent vers des groupes comme le Gang of Four ou The Fall. Il essaie de constituer divers groupes (The Servants, à ne pas confondre avec The Servant) avant de former celui qui le révèlera, The Auteurs, un nom inspiré de la « politique des auteurs » prônée par les critiques de cinéma de la nouvelle vague.

The Auteurs, la britpop anti britpop

Accompagné de sa copine de l’époque (Alice Readman, basse), Luke Haines parvient à sortir le single Showgirl qui sera remarqué par le Melody Maker (concurrent du NME) permettant ainsi au groupe de signer chez Hut. Dès 1993, le premier album New Wave voit le jour et sera même nominé pour le Mercury Music Prize remporté cette année -là par Suede, le groupe de Brett Anderson qui vient de sortir son éclatant premier album éponyme. L’album est une vraie réussite alliant des mélodies imparables à un vrai sens des arrangements. Le ton est cependant assez noir, la voix de Haines trainante et plaintive qui n’est pas sans rappeler celle de Peter Perrett du groupe Only Ones.

L’année suivante sort l’album Now I’m A Cowboy qui est moins facile d’accès et qui semble moins cadrer au style britpop collé au groupe et que Luke Haines déteste. Il chante avec plus de rage, fait cracher les guitares au risque trahir son goût pour le glamrock (New French Girlfriend). La postérité retiendra sans doute « Lenny Valentino » pour son sens de la mélodie redoutablement efficace, doublé d’un violoncelle venu prêter main forte aux guitares libérées.

Enregistrement à Abbey Road avec Steve Albini

Le groupe prend un nouvel élan avec la sortie de l’album After Murder Park en 1996. Produit par Steve Albini qui a fait péter les compteurs du In Utero de Nirvana auparavant, le groupe se dote d’un batteur plus puissant et d’une section de cordes qui lui permettra de mêler finesse musicale (Married To A Lazy Lover, Unsolved Child Murder) et rage affirmée (Buddha). L’album est un très bon cru qui peine pourtant à se faire apprécier à sa juste valeur.

Les projets parallèles : Baader-Meinhof et Black Box Recorder

Haines décide alors de se consacrer à un nouveau projet dont le nom ne fait que confirmer le côté noir du songwriter. Baader-Meinhof (en référence aux terroristes allemands de la RAF) est un groupe plus expérimental qui publie un album fin 1996 sans pour autant réveiller les fans. Deux ans plus tard et après un bien maigre album de The Auteurs (How I Learned To Love The Bootboys, 1999) Haines s’associe à la chanteuse Sarah Nixey pour former Black Box Recorded qui révèle d’excellentes compositions, souvent plus électro, qui seront toutes interprétées par la chanteuse. Après trois albums et diverses contributions (notamment Art Brut et The Jesus And Mary Chain), Black Box Recorder semble laisser ses projets en jachère, bien que n’ayant pas officiellement annoncé sa séparation. Un album solo de Haines est prévu pour la fin 2009.

Anecdote personnelle (par Jérémie) : The Auteurs est un groupe qui a assez marqué mon initiation musicale. Alors que j’avais 12 ans à l’époque de New Wave et que la vague dance des boys band arrivait en masse dans mon collège avec 2Unlimited en tête de gondole, je me souviens d’une certaine excitation à fantasmer « Si je pouvais emprunter un seul CD dans la chambre de mon frère, ce serait New Wave ».
A l’époque, je copiais des CD de mon frère aîné sur des cassettes audio que j’écoutais sur mon baladeur Sony flambant neuf. J’avais tout juste la place de mettre Frosting On The Beater des Posies sur la face A, et After Murder Park de The Auteurs sur la face B ! J’avais d’ailleurs été bien déçu de ne pouvoir assister à la Black Session de The Auteurs le 5 mars 1996 chez Bernard Lenoir. Je n’aurai donc jamais vu The Auteurs…

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