Live Report Festival Pitchfork à Paris : Foxygen, Jungle, Caribou, Tune-Yards, Four Tet

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Nous avons (enfin) pu goûter au Pitchfork Festival, temple affirmé de la Hype, ce samedi 1er novembre. C’est une soirée résolument électro qui nous attend avec la présence des très attendus Jungle et Caribou en tête d’affiche. Récit.
Paris est le deuxième lieu choisi par l’influent Pitchfork Media pour accueillir son festival après celui de Chicago, actif depuis 2006, QG du site américain. Faute à une arrivée quelque peu tardive à la grande halle de la Villette, lieu magique judicieusement retenu, nous sommes contraints de faire l’impasse sur les 5 premiers artistes du début de soirée, dont le jeune et prometteur Tobias Jesso Jr, dont on vous a parlé plusieurs fois sur notre page Facebook.

Foxygen sur fond de Mick Jagger et Iggy Pop

On s’introduit timidement dans l’obscurité de la grande halle au début de la performance des Californiens barrés de Foxygen, venus défendre leur dernier (très long) album …And Star Power. Leur prestation est bordélique mais plutôt séduisante, à l’image de leurs deux premiers albums studio. L’exhubérant co-leader Sam France en fait parfois trop, avec pour modèles Iggy Pop et Mick Jagger pour ne citer qu’eux. Malgré l’enthousiasme et l’énergie véhiculée par le groupe, la salle restera relativement frileuse.

Tune-Yards, un petit quelque chose de Nina Simone

Merrill Garbus est venue nous présenter son projet Tune-Yards. Régulièrement saluée par la critique et désormais bankable, l’américaine livre une electro-pop groovy et variée où la priorité est donnée aux percussions. Le titre Water Fountain de son dernier album Nikki Nack en est l’exemple parfait. Il y a un petit quelque chose de Nina Simone dans la voix suave de Merrill et un petit grain de folie similaire à l’univers de Camille très envoûtant.



José González sous le brouhaha des festivaliers

Nous nous rendons ensuite sur l’autre scène pour le live de José González. Ce fut malheureusement une grande déception. Pas tant pour la prestation du Suédois mais par la programmation qui n’aurait jamais dû proposer à cette heure l’artiste venu présenter son univers folk indé en acoustique pendant une bonne partie du set. Les merveilleux Crosses et Heartbeats ont été outrageusement asphyxiés par le brouhaha des festivaliers, à peine remis de Tune-Yards et bouillonnants aux promesses d’une soirée agitée avec les prestations à venir de Jungle et Caribou.

Jungle Deception

Le temps d’une bière pour faire redescendre l’agacement, on enchaîne donc par les très ‘populaires’ Jungle. Dès le début du set, les Anglais prennent rapidement les choses en main en réchauffant la foule avec leur tubesque The Heat. Leur néo-funk est plaisant mais trop propre et répétitif. Le finish sur Busy Earnin’ n’y changera rien, on s’est un peu ennuyé.


Jungle – Heat – Live @ Pitchfork Festival 2014 par culturebox

Caribou envoie du bois !

Le public est au rendez-vous à l’intérieur de la grande halle quand Caribou entre sur scène vers 22h. Le Canadien est en effet très attendu ce soir. Son dernier album Our Love, sorti le mois dernier a été très bien accueilli par la presse comme par le public. Caribou se présente accompagné de 3 autres membres dont un batteur. On aura donc le plaisir d’assister à un vrai live et non à un DJ set. Dans une ambiance très feutrée, presque intimiste, le groupe démarre par Our Love qui d’emblée galvanise l’audience avec ses lignes de basses électrisantes. Un titre qui prend une dimension incroyable en live.
Tout est ici très bien maîtrisé. La force de Caribou réside dans sa capacité à faire danser les foules sur des mélodies mélancoliques qui permet une écoute différente selon l’humeur, comme l’ont réussi auparavant des groupes comme Radiohead avec pour ambassadeur le brillant Idioteque. Odessa et Can’t Do Without You resteront les moments forts de la prestation du Canadien qui ont permis au public du festival de trouver enfin l’euphorie libératrice.
Mise à part 15 minutes de trop avec quelques longueurs et la présence du morceau Second Chance, sans intérêt sur album comme en live, Caribou a livré un set calibré et convaincant qui a su faire l’unanimité auprès du public, pourtant réputé très exigeant. Revivez ici le concert entier :



Four Tet en live électro accessible

La faim se fait sentir, nous ne profiterons que des dernières minutes de la prestation de Four Tet, projet du touche-à-tout Kieran Hebden. Seul sur scène derrière les platines, le Londonien nous gratifie en live d’une électro plus accessible et bien plus énergique que sur ces précédents albums, même si le garçon prend plaisir à triturer les sons dans tous les sens. Il prépare ainsi merveilleusement le terrain pour Jamie XX, prochain artiste à se produire au Pitchfork ce soir.

Jamie XX en mode bûcheron

Jamie Smith, révélé en 2010 avec The XX pour lesquels il évolue en tant que beatmaker adulé, se présente également seul derrière les platines pour près de 2 heures de DJing. Le jeune Anglais a du talent, c’est indéniable. Il l’a prouvé via ses précédents EP, ses quelques remix et le bon mais inégal album We’re New Here pour un retravail de l’oeuvre de Gil Scott-Heron. Son style délicat et minimaliste, malgré la présence de beats incisifs, épousant un UK garage de qualité n’est pas réellement identifiable ce soir. A contrario, le set de Jamie dégage moins de subtilité, presque forcé. Pas de place pour les sentiments, les beats percutants ne laissent malheureusement pas le reste s’exprimer et certainement pas la finesse, qu’on avait pourtant appréciée sur des titres comme Far Nearer, Girl ou All Under One Roof Raving.
Il est plus de 3h30, on ne finira pas la soirée. Le Haïtien Kaytranada qui clôture le festival ne nous en tiendra pas rigueur, les vrais aficionados de l’électro seront présents, eux.