Oasis – Standing On The Shoulder Of Giants, un tournant radical dans l’histoire d’Oasis

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Oasis Standing On The Shoulder of Giants

oasis-standing-on-the-shoulder-of-giantsLe 28 Février 2000 sortait l’album Standing On The Shoulder Of Giants, quatrième album studio d’Oasis. Cet album n’a hélas pas laissé de souvenir impérissable dans la mémoire des fans du groupe, encore moins dans l’histoire du rock. Pourtant très injustement sous-estimé, il est d’une très grande importance dans l’histoire d’Oasis. Cet article va nous permettre de nous replonger à la découverte de ce chef d’œuvre oublié.

Survivre aux 90’s et à la britpop

BritpopLes années 90 ont été une décennie incroyablement riche musicalement et continue à influencer actuellement. Grunge, rap, shoegaze, électro, rock alternatif américain, dance, et bien sûr ce que l’on continue d’appeler la Britpop. Un terme fourre-tout servant à désigner des groupes rock britanniques inspirés des groupes anglais des années 60 qui s’affirment en réponse au grunge qui arrive des Etats-Unis, Nirvana en tête de gondole évidemment. De cette scène sont sortis plusieurs groupes incroyables de talent comme Blur, Suede, Supergrass, Manic Street Preachers, The Verve, The Charlatans et bien sûr, Oasis dont la guitare Union Jack de Noel sera d’ailleurs un emblème de la britpop. Ainsi le groupe a sorti durant cette décennie 3 albums majeurs de la Britpop et plus encore, de la musique rock : Definitly Maybe, (What’s The Story) Morning Glory et Be Here Now. Cette scène musicale qui, avouons-le, était aussi un phénomène de mode avec ses codes culturels et vestimentaire, s’essouffle à la fin des ninety’s. Qu’importe, Oasis doit continuer et se renouveler pour continuer d’exister et faire face.

Un enregistrement difficile

mezzanine-massive attackAvril 1999, Oasis entre en studio pour débuter l’enregistrement de leur nouvel album. Les sessions sont laborieuses et se déroulent dans quatre studios différents : Olympic, Supernova Heights, Wheller End en Angleterre et au Château de la Colle Noire dans le Sud de la France. C’est durant ces sessions d’enregistrement que va se produire un coup dur pour le groupe : les départs de deux membres fondateurs, Paul Arthur (dit Bonehead) et Paul Mc Guigan (dit Gigsy) préférant se consacrer à leur vie de famille. Alan White (batterie) est toujours là (il se fera virer par les frères Gallagher en 2004). Qu’importe, l’enregistrement doit continuer. Noel Gallagher assurera toutes les guitares et les basses. Le groupe change également de producteur. Exit l’historique Owen Morris (ayant réalisé les 3 premiers albums qui les a propulsés au sommet) qui laisse sa place à Mark Spike Stent connu tant pour avoir produit Mezzanine de Massive Attack que des albums des Spice Girls ! Ainsi, fini le « wall of sound » et les basses inaudibles, les morceaux du nouvel album d’Oasis font place au place au psychédélique!

Un grand album

L’enregistrement terminé en Octobre 1999, Standing On The Shoulder Of Giants sortira au début du nouveau millénaire. L’album doit son titre à une citation de Newton. Cette phrase a été repérée par Liam Gallagher observant la tranche d’une pièce de deux Pound dans un pub. Elle est une métaphore : Oasis se tient sur les épaules des géants du rock dont il réclame l’héritage : Beatles, Stones, Pink Floyd, The Jam, Slade, Bowie, The Smiths et bien d’autres. Les morceaux de cet album sont très influencés par les sonorité des années 60 et 70. A la fois rock et psychédélique.
La plage d’ouverture Fucking In The Bushes est un instrumental fracassant et frénétique au rythme baggy qui ouvrira tous les concerts des tournées d’Oasis jusqu’à leur séparation. Il n’est pas sans rappeler Little Miss Lover de Jimi Hendrix et diffuse un message du festival Isle of Wight en 1970, preuve des influences 70’s de Noel Gallagher. Ce morceau est un warm-up impeccable. Liam l’utilise encore en 2020 sur ses tournées en solo.

S’ensuit Go Let It Out, premier single sorti pour la promotion de l’album.  Assez différent des morceaux qu’Oasis nous avait livrés jusqu’alors. Les mellotrons sont de sortie et les basses mises en avant annoncent la couleur de l’album. A noter que le rythme d’intro a été samplé  chez Johnny Jenkins, guitariste de blues américain.


On ressent ainsi les influences de Pink Floyd, King Crimson ou Genesis dans Who Feels Love? (deuxième single de l’album), Gas Panic (l’une des meilleures composition de Noel Gallagher) et Roll It Over (qui clôt l’album). Il y a du rock pêchu également pouvant évoquer AC/DC I Can See a Liar où la batterie d’Alan White fait rage. De son côté, Put Yer Money Where Yer Mouth Is a piqué sa mélodie à Roadhouse Blues des Doors ?

Noel Gallagher, comme le veut la tradition, se réserve deux titres sur lesquels il assure le chant : Sunday Morning Call (troisième et dernier single de l’album) et le somptueux Where Did It All Go Wrong où Noel est au sommet de son art.

Ce quatrième opus d’Oasis offre pour la première fois dans la carrière du groupe un (maigre) espace de composition à Liam qui signe seul Little James en hommage à son fils où plane l’esprit de John Lennon. Même s’il faut avouer la relative pauvreté de la composition, surtout portée par des arrangements qui lui donnent la consistance que les paroles n’ont pas non plus. Les faces B accompagnant les singles de Standing On The Shoulder Of Giants sont les dernières à être de très grande qualité. Ainsi retiendra-t-on Let’s All Make Believe, (As Long As They’ve Got) Cigarettes In Hell ou encore One Way Road qui sera reprise quelques années plus tard par le grand Paul Weller.

Changer pour se renouveler

Il n’y a pas que la musique qui change chez Oasis. Finie la collaboration avec Brian Cannon et Michael Spencer Jones pour la partie artwork. Le groupe abandonne pour la première fois son logo noir et blanc, la pochette de l’album (mais aussi celle des singles) est consacrée à New York. Le groupe voudrait-il s’attaquer franchement au marché américain ? Le line-up du groupe change également pour la tournée qui va suivre la sortie de l’album. Ainsi, Gem Archer (ex Heavy Stereo) et Andy Bell (ex Ride) remplacent Bonehead et Guigsy respectivement à la guitare rythmique et à la basse. Ils resteront au sein du groupe jusqu’à la séparation des frères Gallagher en 2009.

Au-delà de la grande qualité de ses compositions, Standing On The Shoulder Of Giants marque ainsi un tournant radical dans l’histoire d’Oasis qui, que l’on veuille ou non, reste un groupe de rock majeur. Pour comprendre ce qu’Oasis est devenu au cours des années 2000 et donc son déclin progressif, il faut connaître Standing On The Shoulder Of Giants. Le NME a d’ailleurs inclus cet album dans son classement des chefs d’œuvres perdus de l’histoire du rock. Alors rien que pour ça, découvrons ou redécouvrons les morceaux ce très grand album !

D’autres albums sortis à la même période :

Beck – Midnite Vultures (novembre 1999)
Foo Fighters – There Is Nothing Left To Lose (novembre 1999)
Primal Scream – XTRMNTR (janvier 2000)
AC/DC – Stiff Upper Lip (février 2000)
Smashing Pumpkins – Machina, The Machine of God (février 2000)
Eels – Daisies of The Galaxy (février 2000)
Doves – Lost Souls (avril 2000)
Grandaddy – The Software Slump (mai 2000)
Badly Drawn Boy – The Hour of Bewilderbeast (juin 2000)
The Dandy Warhols – Thirteen Tales of Human Bohemia (juin 2000)
Coldplay – Parachutes (juillet 2000)

Merci à François pour cette belle chronique.

> A lire aussi : Be Here Now : piscine et cocaïne, l’album de la démesure

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