Roger Waters à la U Arena (Paris) le 8 juin 2018 – Live Report

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Roger Waters 2018

Roger-waters-2018-tourAttention événement ce soir à la U Arena de Nanterre. Le légendaire leader de Pink Floyd est de retour en France pour quatre dates pour la tournée Us + Them, aux allures de best of mais prévue en réalité pour la promotion de son dernière album Is This The Life We Really Want? sorti l’année dernière. On connait le personnage réputé pour donner des concerts dantesques à chaque tournée, il s’agit là d’un rendez-vous à ne surtout pas rater. Récit.

Un concert pas si complet que ça

C’est dans une salle qui se remplit tout doucement que nous pénétrons vers 19h30 histoire de voir ce que le stand merchandising nous propose et pour sentir l’ambiance monter dans cette U Arena affichant complet. A quelques minutes du début du concert plus d’une centaine de sièges sont pourtant inoccupés et le resteront. Etrange… Les lumières s’éteignent très progressivement alors que l’écran géant déjà impressionnant diffuse une vidéo au ralenti d’une femme face à la mer sous un ciel gris et un paysage monotone. Il s’agit d’un avertissement prévenant du commencement imminent du spectacle.

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Crédit: François Delporte

Scène gigantesque et première partie trop calme

C’est à 20H30 que Waters et son Backing Band de luxe entre sur scène au son de Speak To Me, titre qui ouvre le mythique Dark Side Of The Moon. Pas de surprise, le concert commence donc avec la suite logique Breathe chanté par Jonathan Wilson, producteur, multi-instrumentiste et « chef d’orchestre » de cette tournée. Bien compliqué de remplacer la voix de David Gilmour mais on s’en contentera… Le son est parfait de là où nous nous trouvons mais il manque sacrement de puissance. Très étonnant pour Roger Waters sur-amplifiant systématiquement ses shows. Déjà le public ne peut qu’être impressionné par cette scène gigantesque qui se présente devant eux. Derrière le groupe d’une dizaine de musiciens, un écran de 80 mètres de largueur et 10 de hauteur diffuse des images d’une beauté époustouflante.


Le concert se poursuit avec l’inquiétant instrumental One Of These Days tiré de Meddle avant de retourner sur Dark Side Of The Moon avec Time, Breathe (Reprise) et The Great Gig In The Sky. Ce début de concert a beau être attractif pour sa setlist et exécuté de main de maître par un groupe de virtuoses (dont l’excellent guitariste Dave Killmister et le fidèle de la famille floydienne Jon Carin), quelque chose cloche néanmoins. Tout cela manque cruellement de puissance, surtout sur ce Great Gig In The Sky chanté presque en retenue par deux choristes. Normal sans doute, Waters ayant probablement opté pour une première partie de spectacle calme. Le show ne décollera pas bien plus sur les titres suivants Welcome To The Machine (de l’album Wish You Were Here) et les titres suivants tirés du dernier opus solo de Roger : Déjà Vu, The Last Refugee et Picture That. S’en suivra un enchaînement de classiques comme Wish You Were Here repris en chœur par le public, puis la célèbre suite : The Happiest Days Of Our Lives, Another Brick In The Wall Part 2 & 3. Le public devient réactif comme s’il n’attendait que ces quelques titres. C’est sur ces morceaux de The Wall que se termine la première partie du spectacle. Le groupe reproduit note pour note les classiques du Floyd, le spectacle est superbe mais il manque une certaine dynamique qui ne tardera pas à arriver…

Roger Waters : dantesque !

Après un entracte de 20 minutes, les lumières s’éteignent à nouveau progressivement pour rappeler le public. Des sirènes angoissantes hurlent, des aboiements se font entendre aux quatre coins de la salle grâce au son quadriphonique. Sur l’écran s’affiche en rouge sang « DOGS » qui annonce la suite. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer… Derrière l’écran géant viennent s’élever les quatre tours de la Battersea Power Station qui illustre la pochette de l’album Animals de Pink Floyd. Autre symbole de l’album : un cochon surplombe des cheminées de 30 mètres de haut.

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Crédit : François Delporte

Et c’est parti pour les 17 minutes de Dogs enchainé avec Pigs (Three Different Ones). Que dire ? Les mots ne seraient être assez forts pour décrire le spectacle qui s’offre à nous. La puissance est enfin là et le concert prend alors un tournant dantesque et très politique. Des images de puissants de ce monde s’entremêlent avec des scènes de guerre, de misère et d’injustices. Le célèbre cochon gonflable de 5 mètres survole les gradins et la fosse. Durant près de 30 minutes (pour deux titres !) la U Arena se transforme en cauchemar orwelien de La Ferme Des Animaux. Impressionnant ! Passée cette séquence, retour sur Dark Side Of The Moon avec l’incontournable Money et bien évidemment Us And Them. Du grand art. Dernière incursion sur l’album solo de Waters avec Smell The Roses, morceau très influencé par Animals. Excellent, il faut le reconnaître. Le deuxième set se conclut très logiquement avec Drain Damage et Eclipse. Un système de lasers reproduit l’iconique prisme symbolique de l’album au-dessus de la fosse. Un effet bœuf garanti ! Ainsi, Dark Side aura été joué en quasi-intégralité de façon fractionnée. Cette deuxième partie fut époustouflante et bien plus prenante que la première. On pourra néanmoins regretter la tournure très (trop) politique, parfois pathos qu’a prise cette partie du spectacle. Et les choses de ce côté-là ne vont pas s’arranger…

Un rappel frustrant

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Crédit : François Delporte

Waters et sa bande reviennent pour un seul et unique rappel. Avant cela, Roger présente le groupe et tient à nous faire passer durant 5 longues minutes un message dans un très mauvais français mélangé avec un anglais difficilement compréhensible (surtout quand il s’agit de politique internationale). Il souhaite insister sur le fait qu’il n’est en aucun cas antisémite de par son soutien au peuple palestinien et à l’organisation BDS (campagne internationale appelant à boycotter et faire pression sur plusieurs plans à Israël). Ambiance… Ce pesant discours passé, les premières notes de Comfortably Numb retentissent. C’est encore un moment magique. Dave Killmister nous fait tourbillonner avec ces deux solos magnifiquement exécutés à la note près. Magique ! Mais tout est fini et Waters reste un long moment saluer le public avant que les lumières ne se rallument.

Un concert déséquilibré

En quittant la U Arena, on a le sentiment d’avoir assisté à un grand concert. Cependant, il n’était pas parfait. Force est de constater un déséquilibre entre les deux parties du spectacle. Certains morceaux de l’album Is This The Life We Really Want ? présentaient le ventre mou du spectacle. On aurait peut-être préféré des titres classiques solo de Waters comme It’s A Miracle, The Tide Is Turning ou Amused To Death. Mais il n’existe pas ou peu de setlist parfaite. On pourra également regretter ce côté politique simpliste, parfois simplet trop présent et qui agace beaucoup de spectateurs qui ne veulent qu’écouter de la (bonne) musique. Cet inutile et pathétique discours durant le rappel a sans doute empêché l’interprétation de Mother pourtant joué sur d’autres dates. Enfin, Waters semblait beaucoup plus épanoui sur la précédente tournée The Wall, beaucoup plus cohérente, mémorable et aboutie. Qu’importe, ce concert même s’il n’était pas parfait restera longtemps dans les esprits. Peut-être pourrait-on espérer une venue au Stade de France en 2019 ? Croisons les doigts. En attendant, quelques fans hardcore pourront patienter avec la venue de Nick Mason (seul membre permanent du Floyd) à l’Olympia en Septembre prochain.

François Delporte

Setlist:

Set 1 :
Speak To Me
Breathe
One Of These Days
Time
Breathe (Reprise)
The Great Gig In The Sky
Welcome To The Machine
Déjà Vu
The Last Refugee
Picture That
Wish You Were Here
The Happiest Days In Our Lives
Another Brick In The Wall – Part 2
Another Brick In The Wall – Part 3

Set 2 :
Dogs
Pigs (Three Different Ones)
Money
Us And Them
Smell The Roses
Brain Damage
Eclipse

Rappel :
Comfortably Numb